Au début du XXIème siècle, la quasi totalité des images documentaires qui nous montraient l’Afrique étaient produites et réalisées par des occidentaux blancs. C’est dans ce contexte, basé sur la question fondamentale du point de vue, que Jean-Marie Barbe eut l’idée, dès 2002, de développer un réseau professionnel africain du cinéma documentaire de création. L'enjeu était de proposer les clefs ouvrant les portes de la réalisation de films qui explorent en profondeur le champ du réel. Africadoc a proposé des résidences gratuites qui offraient aux auteur.es le temps de l’écriture et de la pensée pour réaliser des films qui donnaient des nouvelles de l’Afrique vue de l’intérieur, avec un regard sensible et artistique, tout en s’inscrivant dans la mondialité cinématographique.
Pour Africadoc la production est le maillon indispensable au développement d’un tissus professionnel. Le couple producteur/réalisateur a toujours été privilégié lors des rencontres Tënk de coproduction organisées chaque année au Sénégal. C’était le lieu des échanges nord/sud qui ont permis la réalisation de dizaines de films dans le cadre d’une charte de coproduction équitable.
Crée en 2007 par Africadoc au sein de l'Université Gaston Berger de Saint Louis du Sénégal, le master 2 de réalisation de documentaire de création a attribué le diplôme à 78 étudiant.es originaires de 17 pays qui ont réalisé 84 courts métrages documentaires (dont 7 films collectifs).
Maintenant que l'Afrique réalise et produit ses propres images documentaires de l'intérieur grâce à un réseau d'artistes talentueux, de producteurs compétents, de techniciens aguéris, tous les cinéastes africains doivent s'approprier ces années d'expérience pour prendre en main leurs activités de formation, de production, de réalisation et de diffusion. Beaucoup ont acquis les compétences suffisantes pour transmettre leurs connaissances cinématographiques , leurs pratiques filmiques et leurs sensibilités créatives aux nouvelles générations. Le projet initial de Jean-Marie Barbe était que les professionnels africains du cinéma documentaire soient autonomes et décisionnaires de leur avenir et que les conseillers d'hier deviennent les partenaires d'aujourd'hui. Le temps est venu pour ça.
Le documentaire est un outil d'émancipation des sociétés et de renforcement du dialogue interculturel. La structuration d'une filière autour de ce genre cinématographique est un vecteur de développement économique et de création d'emplois. Les résultats professionnels doivent influer les politiques locales pour la création de fonds de soutien.
Des ɶuvres de création artistiques et politiques dont la durée de vie ira bien au-delà du temps où elle sont produites.
Le but est de construire une culture du documentaire qui va créer le public de demain et le sensibiliser à l'humanité que transmet la singularité de chaque regard d'auteur sur les réalités interrogées.
Le documentaire est une mémoire du monde.
Il a une fonction d'ouverture des consciences et de représentations du monde, essentielle dans nos sociétés contemporaines prises dans l'immédiateté et le spectaculaire et qui oublient la lenteur, la distance et le temps de la pensée.
Jean-Marie Barbe
Dans le temps organisé par le documentaire, on pense. C’est-à-dire que le spectateur est invité à penser et à construire le film lui-même. Dans ce travail de pensée, d’une part se communiquent des choses qui ne sont pas verbalisées, qui touchent simultanément l’intelligence, l’imaginaire et l’émotion. Les documentaires produisent des effets sur les spectateurs : des effets de mémoire. Là où l’information mondialisée est partialisée en millions de petits faits, auto-dissoute. Ils produisent donc des effets qui ne sont pas réductibles au savoir ou à la connaissance de tel ou tel fait... La pensée peut toujours être appliquée de manière analogique à un autre objet, c’est dans ce sens que le documentaire est métaphorique, il parle plus que ce dont il parle.
Thierry Garrel
Le programme Africadoc a été financé
par la région Rhône-Alpes,
par l'Organisation Internationale de la Francophonie,
par le Centre National du Cinéma et de l'Image Animée,
par le programme ACP de l'Union Européenne,
par la Procirep,
par l'Institut Français
et par le Ministère des Affaires Étrangères de la République Française.
Il a été administré par Ardèche Images et Docmonde jusqu'en 2017.
Éveiller les consciences ne suffit pas : si le cinéma n'a pas pour rôle de donner les solutions, un de ses objectifs essentiels est d'ouvrir les possibles pour que le spectateur puisse sortir du découragement et prendre en main sa vie, sa société. Il s'agit là d'inverser ce qui est souvent perçu comme une malédiction historique qui collerait à la peau, celle de l'éternel dominé qui ne peut envisager comment changer les choses.
Si le cinéma n'a pas le pouvoir de changer le monde, il peut y contribuer
Olivier Barlet
De nombreux partenaires, chaînes de télévision et festivals, nous ont accompagnés pour la diffusion de ces œuvres afin qu'elles puissent être vues et reconnues par le plus grand nombre de spectateurs.
Télévisions : réseau TLSP, TVRennes 35, Lyon Capitale TV, TV78, RTBF, CIRTEF, TV5Monde.
Tous les festivals à travers le monde qui ont sélectionné et primé des dizaines de ces documentaires africains.
Il serait absurde d’opposer les Africains filmant leurs Afriques aux documentaristes du monde filmant l’Afrique.
Si les cinéastes africains peuvent jouer d’une plus grande proximité avec les personnes, les histoires ou les situations filmées, ils ne s’agit pas forcément d’un gage de vérité, même si leurs subjectivités nécessaires nous ouvrent de nouveaux imaginaires. La force du cinéma documentaire n’est pas identitaire ou territoriale.
C'est pourquoi nous avons ouvert une page aux documentaires de création réalisés en Afrique par des cinéastes du monde entier.